Inconnu il y a six mois encore, Jeff Buckley est aujourd'hui la
nouvelle star du rock.
A découvrir mardi à Strasbourg avec Christian Fougeron en première
partie.
Jeff Buckley se décrit lui-même comme un paumé déraciné, né dans le sud
de la Californie. Il a été élevé en chantant dans la voiture avec sa
mère, une pianiste et violoncelliste de formation classique. A l'âge de
cinq ans, il découvre la guitare de sa grande-mère et apprend tout seul
à en jouer. A 17 ans, il quitte sa mère, obtient son bac et finit à
Hollywood. Le développement de sa sensibilité le mène à travers une
série hétéroclite de groupes de rock et de reggae, et de temps en temps,
il fait des enregistrements en studio pour "presque rien".
Jeff Buckley a écrit sa première chanson à l'âge de 13 ans, "un truc
débile sur une rupture", déclare-t-il. Depuis, ses horizons de parolier
ont évolué considérablement. Maintenant, il explore les thèmes complexes
de l'amour, le conflit intérieur et la séparation. "La sensibilité ne
veut pas dire qu'on est douillet", explique-t-il. Ses paroles sont
précises, pourtant elles sont énigmatiques, révélant des vérités simples
enveloppées dans les énigmes de leur origine. "J'aime quand il y a
beaucoup de mystère", admet-il. "Cela donne un peu plus de mouvement
sans pour autant attirer un banal regard critique."
En 1990, il déménage à New York où il joue avec plusieurs groupes locaux
avant d'attaquer tout seul. Traînant sur le Lower East Side, il finit
par se sentir vraiment chez lui. "Plus que nulle part ailleurs", dit-il.
"Ma place est ici. Je préfère le Lower East Side à tous les endroits de
cette planète. Je peux être moi-même ici... je n'ai jamais pu être
moi-même partout où j'ai vécu quand j'étais petit. Je n'ai jamais trouvé
ma place en Californie, même si mes racines sont là-bas". Jeff Buckley
décrit sa musique comme une "petite partie rêveuse du psychisme. C'est
en partie du bourbier, en partie de la structure. Le bourbier est
important pour faire pousser des choses... ça vous arrive des fois
d'avoir un de ces souvenirs ou vous croyez vous rappeler le goût ou le
toucher de quelque chose... peut-être un objet... mais la sensation est
tellement bizarre et imperceptible que vous n'arrivez pas vraiment à le
saisir? Ça vous rend dingue. Ça c'est mon esthétique musicale...
seulement ce souvenir imperceptible et fugitif. La beauté de ce
souvenir, c'est que je peux l'enregistrer sur un disque ou le jouer en
public. C'est complètement surréaliste. C'est comme s'il y avait un
gardien à l'entrée de votre souvenir le plus profond et que vous n'étiez
pas censé vous souvenir de certaines choses. Vous pouvez seulement
atteindre ce souvenir en payant ce gardien, en vous soumettant
complètement à sa puissance en nageant loin dans votre propre âme. Vous
pouvez être détruit ou marqué de cicatrices... vous ne savez pas...
c'est comme mourir".
* En concert à La Laiterie à Strasbourg le mardi 14 février à 20h30,
et c'est Christian Fougeron qui assure la première partie du spectacle,
plus Bettie Serveert (Location FNAC).
N.B. Bettie Serveert quittèrent cette tournée déjà après le premier
concert français, et par suite ils n'étaient pas venu ce soir.
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